[…], le sang rose des arbres verts
— Rimbaud, Soleil et chair.
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J’aurais pu passer ma matinée à farfouiller dans le buffet de Rimbaud, mais le devoir m’appelait et c’est peut-être précisément de ne pas avoir toute ma journée à lui consacrer qui le rendait encore plus attrayant.
Le buffet
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants;
Tout plein, c’est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d’enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grande-mère où sont peints des griffons;
– C’est là qu’on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.
– Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s’ouvrent lentement tes grandes portes noires.
— Arthur Rimbaud, Poésies, octobre 1870.